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Les « miracles du Coran » & interprétations des religions

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Il nous est arrivé de rencontrer des personnes très croyantes, pratiquant leur religion de manière intense. En Iran, alors hébergés dans une famille très religieuse, nous entendons parler pour la première fois des « Miracles du Coran »: nos hôtes nous ont montré une vidéo où on y voyait un homme debout devant un public, affirmer (exemples à l’appui) que certains passages du Coran ne peuvent être qu’une retranscription de la parole divine. Intrigués, nous avons entrepris quelques recherches historiques et théologiques pour comprendre tout ceci…


Les Miracles du Coran

Nous n’avons pas retrouvé exactement la même vidéo qui nous avait été montrée, mais voici une autre avec le même discours, sans les effets visuels. Le discours est tellement bien construit, tellement bien argumenté, qu’il nous a d’abord laissé bouche bée devant les membres de la famille hôte (qui pensaient sans doute nous avoir convertis). Dans cette vidéo, on y voit un homme debout devant un public, Zakir Naik, parler et faire la démonstration, exemples à l’appui, que la science ne fait que prouver ce qui était déjà écrit dans le Coran des siècles auparavant.

Zakir Naik raconte, entre autres, que le Big Bang fut seulement expliqué scientifiquement il y a 30 ou 40 ans, alors que selon lui un verset du Coran en parlait déjà. Sur le même principe, il affirme que la lumière de la Lune est bien issue de la réflexion de la lumière du Soleil et que cela a été prouvé il y a 200 ans, alors que c’est pourtant mentionné dans le livre sacré écrit il y a presque 1400 ans…

Comment est-ce possible qu’un livre sacré, le Coran en l’occurrence, écrit au 7ème siècle après JC, puisse avancer de telles vérités scientifiques prouvées bien plus tard?

Anti-argumentation des Miracles du Coran

La technique utilisée pour convaincre dans cette vidéo initiale est très simple: partant d’un postulat (par exemple: « ce phénomène a été prouvé scientifiquement au 19e siècle »), le narrateur évoque ensuite les écrits d’un livre du 7e siècle (le Coran) mentionnant ce phénomène pour mieux conclure que le Coran établit des vérités scientifiques, issues de parole divine. Or il suffit de modifier un peu le postulat d’origine pour transformer complètement la conclusion…

Lorsque nous avons entrepris nos recherches, nous nous sommes vite aperçu que la réflexion de la lumière du soleil sur la lune était évoquée plus de 1000 ans avant la naissance du prophète Mohammed, à qui on doit le Coran. Les conteurs des Miracles du Coran le savent sans doute et en profitent: parmi ceux qui écoutent leurs discours, combien iront vérifier les sources des informations données?… Nous n’allons pas tenter de contre-argumenter un à un tous les Miracles du Coran; d’autres l’ont déjà très bien fait, soit par écrit ou en vidéo.

Un discours (trop) bien rôdé

Public visé

Il est très intéressant de constater que ces conférences sont en anglais, dans un décor soigné, avec une mise en scène très « universitaire ». On a l’impression qu’elles visent un public de classe moyenne éduqué et/ou international, qui croit en la science mais n’en pas expert pour autant! D’ailleurs, la famille qui nous recevait était très éduquée: riches commerçants, avec une fille étudiante en médecine.

Financement et légitimité de l’orateur

Une brève recherche sur l’orateur Zakir Naik nous a permis de nous rendre compte que les propos de cet homme sont sans cesse sujets à polémique. Zakir Naik clame notamment que « l’Islam est la seule religion capable d’apporter la paix » ou prône la peine de mort pour les musulmans reniant leur foi et les homosexuels. Il a également été récompensé en Arabie Saoudite pour ses actions.

D’ailleurs, en approfondissant le sujet, nous avons découvert que l’Arabie Saoudite finançait, en millions de dollars et ce depuis 1984, toute recherche concernant les Miracles du Coran – via un institut officiel appelé « la commission des signes scientifiques du Coran et Sunna ». Dans une autre enquête, il a été démontré que l’Arabie Saoudite a déployé depuis plusieurs décennies une stratégie d’influence destinée à diffuser sa doctrine religieuse. De quoi se poser de sérieuses questions… Dans tous les cas, il est intéressant de se pencher sur la question de l’interprétation des textes religieux, avant d’en juger les dérives.

Interprétation des religions

C’est un vaste et complexe sujet, qui pourrait être développé bien plus en profondeur… Nous allons juste donner quelques exemples de raisonnement, expliquant pourquoi qu’il est absolument impossible de connaître avec certitude le sens précis d’ouvrages religieux:

Le danger des interprétations

La plupart des religions sont basées sur des livres sacrés. Traduits d’une langue ancienne à une langue moderne, mais aussi dans d’autres langues, avec des mots pouvant avoir plusieurs sens ou contenant des figures de style particulière comme des métaphores; ces livres infiniment copiés finissent par perdre le sens original du message. Il en résulte, à l’heure actuelle, une multitude d’interprétations différentes des religions.

Par expérience, nous avons pu constater que beaucoup de croyants n’avaient jamais réellement lu en entier le livre sacré sur lequel repose leur religion, et que l’apprentissage de la religion auquel ils se vouent s’est fait à l’aide d’un biais extérieur (dires de leur famille, prêtres/imams, professeurs, conteurs, théologiens, …). C’est à cause de ce biais, entre autres, qu’il existe des kamikazes islamistes: des « prédicateurs » les poussent à se suicider (pratique normalement interdite par l’islam) en les faisant passer pour des « martyrs », chose devenue possible dans les années 80… D’après ces « prédicateurs », il serait même écrit dans le Coran que les martyrs iraient au paradis avec 72 vierges rien que pour eux. Mais selon de récentes recherches sur les interprétations du texte au cours du temps, il pourrait s’agir non pas de 72 vierges, mais de 72 raisins, denrée très chère à l’époque…

Quoiqu’il en soit, utiliser les religions pour contrôler des individus n’est pas nouveau. Si un livre sacré se retrouve comme sujet principal des journaux ou chaînes de télévision, les citoyens auront moins de temps libre pour cultiver d’autres connaissances ou développer leur sens critique… D’ailleurs, ce sont les éditeurs, producteurs et propriétaires de ces canaux d’informations qui choisissent la façon dont chaque sujet est traité, rajoutant un autre biais.

L’exemple du voile (hijab)
 

Lors de notre aventure, nous avons été hébergés par plusieurs centaines de personnes à travers le monde – dont une grande majorité sont de confession musulmane. Nous avons donc tissé beaucoup de liens avec des personnes concernées par le port du voile et échangé avec elles sur le sujet: « pourquoi portes-tu le voile? », « parce que c’est écrit ». Dans d’autres cas, certaines femmes toute aussi musulmanes ne le portaient pas et nous expliquaient le contraire (exemple à ce lien).

Le résultat de nos recherches à ce sujet reste très controversé. Certains théologiens musulmans expliquent que le coran ne demande pas aux femmes de se couvrir, mais à tout le monde (femmes et hommes) de se vêtir de manière « modeste ». Il est question de « parler à travers un voile ». Or comme dit précédemment, cette phrase peut être sujette à bien des interprétations… On peut même y voir une métaphore, pour signifier simplement de garder ses distances. Certains voient même là un détournement par les hommes pour forcer uniquement les femmes à être « modestes ».

Pour cet exemple, il n’y a pas de réel danger avec les différentes interprétations du moment que la tolérance règne. Cependant, avec nos convictions profondes en faveur de l’égalité des genres dans le monde, nous avons été peinés d’entendre des femmes voilées nous expliquer en quoi le hijab est important en se comparant uniquement à une sucette/bonbon encore emballé, tandis qu’une femme non voilée serait comme une sucette déballée et donc sale

Liens utiles (sources web):

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Julien et Margaux

Auteurs de ce blog, nous contribuons aussi, sous l’impulsion de nos amis Elsa et Christophe (auteurs réguliers de Chroniques du Monde), à partager d’autres points de vue – issus de notre expérience d’un Tour du Monde sans avion, basé sur les interactions humaines.

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