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Prendre de l’altitude – Roadtrip au Kirghizistan

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Bonjour, Hello, Ciao, Dober dan, Dobar dan, Mirëdita, Geai sou, Merhaba, Barev, Gamarjoba, Salam! Bienvenue dans notre série de newsletters qui retrace, chapitre par chapitre, notre grande aventure en autostop. Voici le chapitre 12 de notre aventure: Prendre de l’altitude – Roadtrip au Kirghizistan.


Avertissement

« 32 dney ! » 32 jours… Nous sommes le 20 juin, nous étions rentrés au Kazakhstan le 20 mai, il doit bien y avoir une erreur dans le calcul. On sort nos portables, on recompte avec l’officier sur le calendrier: 1, 2, 3… 32. Il a raison. Nous avons bien dépassé le délai d’exemption de visa, fixé à 30 jours pour les citoyens français. «Warning, warning!» On s’en sort bien: pas d’amende, mais un premier avertissement officiel sous forme de lettre écrite en russe et signée de l’officier. Un jour de plus, et il aurait fallu payer très cher cet écart de conduite… On a peut-être perdu 2 heures à se faire sermonner en russe, mais nos 2 derniers jours n’ont pas été «de trop»: ils ont concentré nos plus beaux souvenirs, entre notre ballade dans les profondeurs du canyon de Charyn et notre nuit parfaite au lac Kaindy!

Camper autour du lac Kaindy: une expérience inoubliable

Désormais en règle, nous entrons sereins au Kirghizistan, accueillis par un cavalier-berger kirghiz. Dans ce pays, peu de chance qu’une telle mésaventure n’arrive puisque l’exemption de visa pour les français est portée à 60 jours… On avait hâte ; tout ce qu’il nous fallait c’était du temps – du temps pour visiter, du temps pour se poser, du temps pour se reposer. Nous étions d’ailleurs attendus à Cholpon-Ata, une ville bétonnée et balnéaire au Nord du lac Issyl-kul, pour travailler comme volontaires dans un camp de yourtes «tout confort» et accueillir les touristes durant la haute saison. La route est encore longue, peu fréquentée et en mauvais état. On marche, on avance, et soudain on se retourne, plein d’espoir en entendant un bruit de moteur s’approcher. Ce n’est pas une voiture, comme espérée, mais une… moto d’un rouge flamboyant. Le conducteur s’arrête, enlève son casque: c’est Peter, le voyageur américain avec qui nous avons campé au lac Kaindy! Cette fois, nous ne le laissons pas partir sans avoir échangé nos contacts. Tandis qu’il s’éloigne à nouveau, un autre bruit de moteur se fait entendre: une voiture kazakhe vient de s’arrêter pour nous.

Sur la route de Cholpon-Ata, Aibek, un jeune kirghize parlant plutôt bien anglais, s’arrête pour nous déposer à destination. Ironie du sort, nous apprendrons vite qu’Aibek dirige une auberge de jeunesse à Karakol – soit le type d’établissement que nous préférons, dans une ville kirghize que nous préférons (car située directement aux pieds des montagnes!). Nous lui expliquons notre projet, notre intérêt à faire du volontariat dans son auberge. L’idée paraît l’enchanter! Comble du sort, le camp de yourtes où nous étions censés travailler n’est pas fini d’être construit… Notre présence à Cholpon-Ata n’avait donc aucune utilité!

Nous repartons dès le lendemain direction Karakol, impatients de retrouver Aibek et de pouvoir poser nos sacs dans un lieu dynamique, jeune et alternatif. Mais à l’arrivée, c’est une porte close qui nous attend. Bizarre… De l’extérieur, l’auberge a pourtant l’air accueillante, avec ses couleurs pop et acidulées! Un peu excentrée certes, mais les montagnes et la petite épicerie à côté suffisent à combler les besoins basiques de routards désargentés. Au bout d’une heure d’attente, nous voyons enfin débarquer une troupe de jeunes kirghizes: on comprend qu’Aibek, resté à Bishkek pour d’autres obligations, a délégué le travail à quelques jeunes du coin – des jeunes plus intéressés à faire la fête qu’à exercer leur petit anglais. Ils nous installent dans l’auberge vide, tandis qu’ils prennent possession, avec leurs amis bruyants, d’un dortoir entier. Ce soir-là, ce sera vodka et bières locales pour tout le monde. Pas étonnant, avec ce manque de sérieux, que l’auberge soit désertée par les touristes…

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«Je pense qu’il faudrait changer les photos sur Booking.com ; elles ne donnent pas vraiment envie. On peut aussi ouvrir le bar dans le jardin, et proposer des pizzas ‘maison’ qu’en penses-tu?» Affalés dehors sur les hamacs de l’auberge, les idées fusent. Rosa, la femme de ménage, nous a préparé à manger: nous nous sommes rapidement lié d’amitié avec cette jeune femme, une voisine charmante, toujours souriante et avec le cœur sur la main ; la seule employée sérieuse et parlant bien anglais. Une vraie fée! Elle s’était inquiétée la veille de ne pas nous voir, alors que nous étions seulement partis randonner la journée avec Peter, le voyageur solo américain… « Rosa, you are amazing! But please, next time, we cook, ok? » (Rosa, tu es fantastique! Mais la prochaine fois, nous cuisinons, ok?).

Trois semaines se sont ainsi écoulées ; entre soirées et tranquillité, entre repos et travail à l’auberge, entre série TV et trek en altitude au lac Ala-Kul, entre deux matchs de la Coupe du Monde, entre deux repas pris avec Rosa et deux caresses à Blacky, la chienne de l’auberge. Trois semaines où nous avons pris le temps – ou plutôt que nous ne l’avons pas vu passer. Et puis, il y a eu un appel de mes parents: l’état de santé de ma grand-mère paternelle, hospitalisée depuis 2 mois, s’est considérablement dégradé. D’après les médecins, elle pourrait mourir bientôt. Nouvel avertissement.

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Ala-Kul

Retour(s) anticipé(s)

Même si travailler dans l’auberge d’Aibek était une belle opportunité, le contact avec les touristes et la proximité avec le centre-ville nous manquaient cruellement. Saltanat, la gérante d’une petite auberge familiale de Karakol, l’a bien compris et n’a eu aucun mal à nous convaincre de travailler pour elle – et en parlant de «travail», il s’agissait, cette fois, d’un vrai travail: réveil quotidien à 7h pour les petits-déjeuners « maison », repos en journée, puis reprise du poste en début de soirée pour répondre aux (nombreuses) demandes des clients… Des soirées mêlant sérieux et bonne ambiance, travail et verres de bière kirghize (les deux n’étant pas incompatibles!).

Nous étions à peine installés lorsque mon téléphone s’est mis à vibrer, en fin de matinée. Sur l’écran, on pouvait y lire « Mamie est morte cette nuit« . Même si son départ était prévisible, même si j’y étais préparée, ce message, brut et brutal, m’a fait l’effet d’un choc… Je suis passée du sourire au flot de larmes – un peu comme la météo locale où les rayons de soleil disparaissent subitement au profit d’une grosse averse. Je n’étais plus capable de rien; heureusement, Julien a tout géré. Informant Saltanat de la situation, nous avons repris nos sacs et sommes partis précipitamment, pour un retour en France anticipé, par la voie la plus rapide: 3 jours de voyage, 1 bus de nuit, et 3 avions…

Nous sommes restés un mois en France. Un mois intense à soigner mon chagrin, revoir nos proches, retrouver toute la saveur d’une assiette de fromages et d’un bon verre de vin rouge. Un mois pour préparer la suite, obtenir le visa pour la Chine qui nous était impossible de faire en Asie Centrale. Un mois avant de retrouver la route, retourner à Karakol, en repassant malgré nous par le Kazakhstan. Revenir dans ce pays ne faisait pas vraiment partie de nos plans, mais atterrir à Astana coûtait beaucoup moins cher – et nous faisait prendre moins d’avions. Seulement voilà, en regardant une carte de plus près, on s’aperçoit très vite qu’Astana ne se trouve pas à côté de Karakol… Mais à 1600 kilomètres de là, plus précisément. On le sait, en autostop rien n’est impossible! Malheureusement, l’après-midi où nous avons atterri, une pluie continuelle s’est abattue sur Astana. Nous avons alors décidé de reporter notre périple en autostop au lendemain, en espérant que la météo soit plus clémente. Résignés, nous avons sorti les matelas gonflables et tenté de dormir dans un coin de cet aéroport qui ne ferme jamais…

On ne s’était effectivement pas trompés: trouver le sommeil dans ces conditions a été beaucoup plus difficile que de trouver des conducteurs sur la route. Nous étions à peine sortis de l’aéroport que nous avons été embarqués, par 6 chauffeurs successivement, pour une folle épopée – 1100 kilomètres parcourus avant d’être déposés, à 2h du matin, dans un petit village situé non loin de la frontière kirghize. Cette fois, on sort la tente pour la planter derrière une station-service, résignés à dormir pour de bon. Ce fut encore un échec: le patron de la station-service, peu amène, nous y délogera à 7h du matin. Tant pis, le manque de sommeil ne nous empêchera pas de continuer l’autostop pour nous amener à Karakol. C’est donc dans la plus grande des surprises que nous avons débarqué dans l’auberge de Saltanat seulement 2 jours après avoir atterris: un retour anticipé, pour le plus grand bonheur de sa gérante débordée!

Notre récit des Jeux Nomades

«Et donc, ça va bientôt faire un mois que vous êtes là?» nous demandent, étonnés, Charlène et Damien, un couple de voyageurs français en tandem. «En fait, presque 2 mois: avant de repartir en France, nous étions déjà restés 3 semaines à Karakol…» «Et ça ne vous ennuie pas de rester ici et de travailler autant?» Non, ça ne nous ennuie pas. Malgré l’absence de Saltanat et sa famille pendant deux semaines, nous laissant seuls gérer l’auberge, nous avons eu quelques jours de repos pour nous permettre d’assister aux Jeux Nomades mondiaux, de randonner dans la vallée de Jyrgalan et autour de Karakol. Malgré toutes les heures de travail, nous avons fait énormément de belles rencontres à l’auberge: Jimena et son copain, un couple de chiliens voyageant depuis 1 an, Hugo un voyageur solo et à l’arrache (« Hugo, tu trek? »), Liane la belge rieuse et courageuse, le vieux baroudeur Roland et sa fille Sophia, Marine la globe-trotteuse et Ryan le nomade anglais, le groupe d’amis israélien mené par Ido, la grande autostoppeuse Florence d’un Monde sur le pouce, Rémi le cycliste, François le jeune routard, et tant d’autres… Nous avons même eu la surprise de retrouver Taylor, notre hôte de Goudauri en Géorgie, venu explorer l’Asie Centrale à vélo! Tout ce petit monde, cette petite ville et cette auberge; c’était devenu notre quotidien, notre deuxième famille: on y avait nos habitudes, nos repères, entre les enfants de Saltanat à surveiller de temps en temps, les sermons en russe de son beau-père et les courses au bazar local. Des liens forts tissés à partir de rien, de moments éphémères, d’instants de partage. Partir de Karakol et dire au revoir à Saltanat n’a pas été facile. Le jour du départ, elle et Rosa (venue par surprise!) nous ont gâté de cadeaux… Confus, on se perd en remerciements et en larmes, avant de reprendre la route, le cœur lourd et les sacs chargés de nouveaux souvenirs.

Hospitalité insolite

Avant de se poser quelques jours à Bishkek où Nurijit, un étudiant kirghiz, nous a promis l’hospitalité contre quelques cours de français, nous décidons d’explorer le sud du lac Issyk Kul – une région connue pour sa nature intouchée, son authenticité, son calme à l’extrême opposé des hôtels de luxe, du béton et de la vie bourgeoise de la rive Nord. Depuis la voiture qui nous transporte vers le canyon de Skazka, nous voyons défiler sous un soleil timide des montagnes colorées et quelques plages de sable fin, ainsi que des maisons très modestes aux toits de tôle. Lorsque nous sommes arrivés au canyon, nous n’étions que 5 touristes étrangers: nous, et 3 voyageuses allemandes que nous avions rencontrés à l’auberge de Karakol! «Hey guys! You finally left the hostel?»

Après une bonne marche dans le canyon à 5, nous décidons de camper tous ensemble au bord du lac – et de faire de l’autostop pour rejoindre une plage située à 35 kilomètres de là. De l’autostop à 5? On en doutait aussi, et pourtant, on aurait dû se rappeler avec notre expérience « qu’en autostop, rien n’est impossible »! Au bout de 5 minutes le pouce levé, nous arrêtons une camionnette qui nous prendra tous les 5 et qui nous emmènera près d’une plage. Problème: celle-ci n’est pas vraiment propre, jonchée de plastiques et de débris en tout genre. Pas le choix, le soleil se couche déjà et il n’y a pas de meilleur endroit pour planter nos tentes dans les environs. Malgré l’humidité et le froid (nous sommes début octobre), nous profitons ensemble d’une bonne soirée au coin du feu, une pastèque juteuse à la main, et des milliers d’étoiles au-dessus de nos têtes…

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On ne change pas une équipe qui gagne: le lendemain, on retente l’autostop à 5 pour atteindre Kochkor. Même si nous parvenons à arrêter 2 voitures assez spacieuses pour nous conduire tous les 5 aussi loin que possible, nous décidons de nous séparer à mi-chemin pour augmenter nos chances d’avancer. Nous retrouverons nos amies à Kochkor en fin d’après-midi, dans le centre d’informations touristiques local, la mine déconfite: un conducteur a malencontreusement enclenché la marche arrière tandis que Katharina récupérait son sac dans le coffre, lui roulant sur le pied… Katharina s’en sort bien ; le sol était meuble et son pied n’a souffert que de légères contusions. Mais cette mésaventure marquera la fin de notre périple à 5: Katharina restera quelques jours à l’auberge pour se reposer, tandis que les filles partiront au lac Son Kul pour un trek à cheval. De notre côté, nous choisissons de randonner jusqu’au lac Kol’ukok, situé à une vingtaine de kilomètres du village. Avant de se séparer définitivement, on s’offrira un dernier repas tous ensemble, dans une cantine conviviale de quartier, entourés d’hommes au chapeau de feutre et de bonnes femmes au foulard noué sur la tête, sabots et chaussettes en laine au pied.

«C’est parti!» Oui, c’est parti pour 6 heures d’ascension avec nos gros sacs sur le dos: après avoir campé dans un parc de la ville, nous voilà prêts à gravir de nouveaux sommets. Prêts… ou pas! Même si nous partons confiants sous un soleil radieux, la randonnée n’en reste pas moins difficile – surtout avec tout notre équipement sur le dos. On monte, à notre rythme, espérant secrètement qu’une voiture passe sur ce chemin de terre caillouteux. En vain. Nous atteindrons un premier camp de yourtes avant même de croiser quelqu’un ; avant même d’en croiser les propriétaires, affairés à démonter des yourtes plus loin. Épuisés, en sueur, nous étions sur le point de fournir un dernier effort pour monter la tente lorsque les propriétaires, des semi-nomades kirghizes à cheval, arrivent enfin à notre rencontre: la femme, se rappelant quelques mots d’anglais appris auprès des touristes, nous salue et nous demande maladroitement si nous restons là pour dormir. « Niet, palatka! » Elle comprend que nous ne sommes pas « des touristes classiques »; d’ailleurs, aucune agence ne l’a appelée pour réserver une nuit en yourte. Pourquoi des touristes viendraient alors que le froid s’installe ici? On est bien en fin de saison, non? A cet instant, on se demande bien ce qu’elle pense de nous: sont-ils fous? Inconscients? Courageux?… Elle finit par nous mimer le froid, puis par nous pointer du doigt une des yourtes avant de repartir avec les autres. Avons-nous bien compris? Vient-elle de nous inviter à rester dans une yourte, gratuitement, pour la nuit? Ou nous propose-t-elle de nous réchauffer à l’intérieur, en attendant leur retour? Dans le doute, nous finissons par monter notre tente, avant de nous laver sommairement avec l’eau de la rivière et d’attaquer notre dîner pique-nique à la nuit tombée. Ne voyant personne revenir, nous nous faufilons discrètement à l’intérieur d’une yourte avant de nous endormir confortablement installés sur les modestes matelas de sol laissés là, réchauffés sous des couches épaisses de couvertures, bercés par le bruit du vent qui souffle le froid sur la région.

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Notre expérience la plus insolite? Le Yurt-Surfing!

On se réveille aux premières lueurs du soleil, réchauffés, reposés, mais surtout heureux comme jamais: nous venions de vivre une expérience d’hospitalité insolite, une expérience de « Yurt-surfing » (par opposition au « CouchSurfing », une hospitalité classique où l’hôte vous invite à dormir sur son canapé). C’est donc dans la bonne humeur que nous finissons de gravir les derniers kilomètres pour admirer le bleu glacier des eaux du lac Kol’ukok, allégés de nos sacs restés au camp. Nous les retrouverons quelques heures après, intacts près de notre tente toujours montée, en présence de la propriétaire ainsi que de trois frères venus pêcher: elle ne nous demandera rien, tout comme les pêcheurs qui accepteront de nous ramener en voiture à Kochkor. On aura bien mérité notre repas chaud et consistant dans une petite cantine locale du centre-ville! Notre dernière soirée à Kochkor aurait pu s’arrêter sur cette note, sur cette image de nous repus, prêts à camper de nouveau en ville, avant de repartir vers de nouvelles aventures. Mais non, le destin (ou notre bonne étoile, appelez ça comme vous le voulez) s’en est encore mêlé: après avoir demandé à la patronne du restaurant où il serait possible de camper; celle-ci, sans hésiter, appela sa fille pour nous aider. Au bout du téléphone, Aiperi, une jeune femme s’exprimant très bien en anglais, nous invite chez elle, sans se poser de questions. Lorsqu’on arrive aux portes de sa maison, c’est une jeune mère de 26 ans qui vient nous accueillir avec le sourire… Jeune par son âge, mais déjà très mature: Aiperi a dû faire face à la mort de son mari lorsqu’elle était enceinte de son troisième enfant, et a dû trouver les ressources nécessaires pour subvenir aux besoin de son foyer, de ses enfants… TOUTE SEULE, dans une société où les femmes sont tenues uniquement de s’occuper de la maison. Une vraie mère courage qui nous a émus, impressionnés, et qui, touchée par le foulard en soie que nous avons absolument tenu à lui offrir, m’a offert en retour une splendide bague en argent – une bague bien trop précieuse qu’elle a farouchement refusé de reprendre. Désormais, je pense très fort à elle (et à notre bonne étoile) à chaque fois que cette bague scintille à mon doigt.

« Moï Dom »

Le lendemain, nous arrivons à Bishkek sans trop de difficultés et retrouvons Nurijit dans l’auberge de ses amis. L’auberge est en train de fermer, les dortoirs semblent vides – à l’exception des quelques lits occupés par les amis de Nurijit, un étudiant indien et un businessman pakistanais. En échange du lit, il était convenu que nous donnions des cours de français à Nurijit ; or celui-ci, trop occupé dans ses études, ne sera pratiquement jamais présent à l’auberge. Une aubaine pour nous, qui en profiterons pour nous reposer, laver nos affaires sales, et visiter la capitale kirghize en compagnie de François – le jeune routard rencontré à Karakol. Malheureusement, durant une de nos escapades au grand bazar d’Osh, François se fera voler son porte-monnaie… Une mésaventure qui nous en a rappelé une autre, lorsque nous nous étions fait voler de l’argent liquide en Serbie. Pour l’aider à surmonter cette épreuve, nous lui offrirons le sac de noix de cajou qu’il convoitait tant et avançons l’argent nécessaire pour couvrir les frais restants, avant son retour en France. Un portefeuille de perdu, mais une belle amitié de gagnée!

Après avoir compté les billets, il a bien fallu compter les jours: 3 semaines, c’est le temps qu’il nous restait avant la fin de validité de la période d’entrée en Chine. Trois semaines, c’est à la fois énorme et peu. Et puis, en dehors du temps (celui qui fait défiler les aiguilles d’une montre), il y a le temps (celui qui nous fait paresser des heures dehors ou rester au chaud). C’est décidé: nous irons visiter l’Ouzbékistan, et profiter des dernières journées chaudes d’octobre avant d’attaquer la route enneigée du Pamir qui nous mènera sur le territoire chinois! Au revoir François, au revoir Nurijit, au revoir Bishkek: bonjour les montagnes kirghizes, les routes en lacet et le vent froid d’altitude qui fouette le visage! Le pouce fièrement levé, nous réussirons à atteindre la petite ville de Toktogul dans l’après-midi – une ville modeste située au bord d’un immense lac, perdue au milieu des montagnes. Ce fut, pour nous, la véritable révélation de ce pays: dans cette région oubliée des touristes, nous nous sommes fait accueillir par des dizaines de sourires – des sourires en or, au sens propre comme au figuré. On s’y est tout de suite sentis bien, comme chez nous. Déambulant dans les allées animées du bazar central, nous y avons respiré le doux parfum de bienveillance qui en émane, imprégnés de ces moments de vie; simples, authentiques.

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L’amour au premier regard?

À l’heure du dîner, nous nous sommes même laissés tenter par un délicieux plov, cuisiné par d’adorables grands-mères. Rassasiés, nous reprenons nos sacs en quête d’un carré d’herbe au calme, du côté du parc central, afin d’y planter notre tente. Et c’est là que nous ferons la connaissance de Gula – une kirghize enjouée, à la tête d’une famille de 8 enfants. D’abord circonspecte lorsque nous lui avons demandé où nous pourrions camper, elle n’a pas hésité à envoyer les plus petits à nos trousses pour nous inviter: « Moï dom! Moï dom! » Tirés par la manche, ils nous ont entraînés, ravis de s’amuser avec nous, ravis de nous avoir avec eux. En bonne mère, Gula s’est occupé de nous comme si nous étions ses propres enfants, nous préparant deux couchettes et à manger – un second dîner que nous n’avons pas pu refuser, même si nos estomacs étaient déjà bien remplis. Après avoir souhaité à tout le monde « une bonne nuit », nous nous sommes couchés, endormis comme des bébés. Comme chez nous…

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Gula ne nous a pas seulement hébergés et nourris. Elle nous a aussi offert des chaussettes, un gros pot de miel… et trouvé quelqu’un pour nous avancer sur la route. Si le cœur des hommes est grand de générosité pour ses semblables, il en oublie parfois la dure réalité pour les autres: pris en autostop dans une bétaillère, nous aurons bien du mal à échapper aux regards tristes de ces animaux destinés à l’abattoir. Pour eux, ça sera leur dernier voyage. Pour nous, juste une parenthèse dans le nôtre…

Alors que la bétaillère continue son convoi mortuaire vers Osh, nous nous arrêtons aux portes de l’Ouzbékistan, déposés en pleine campagne kirghize. Là où notre carte indique un poste frontière, nous n’y trouvons qu’un château d’eau. Guidés par notre bonne étoile, nous remettons notre destin à la route: tant pis si nous n’arrivons pas en Ouzbékistan ce soir, tant pis si nous devons marcher des kilomètres pour trouver le véritable poste-frontière, tant pis si nous devons camper… Mais il n’y aura pas de « tant pis ». Jolaman, un jeune professeur des écoles, n’hésitera pas à s’arrêter et à nous inviter chez lui par la même occasion: « Moï dom! » En présence de ses parents, de sa femme (professeur d’anglais) et de son bébé, Jolaman nous immergera une dernière fois dans la culture et les traditions kirghizes.

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* Article rédigé d’après notre expérience personnelle *

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